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analisi critiche 183

[[Categoria:Pagine che usano RigaIntestazione|Scientia - Vol. VII.djvu{{padleft:191|3|0]] mœurs de la démocratie athénienne, sa politique intérieure et extérieure, et groupe en un seul chapitre les notions que nous possédons actuellement sur les transformations politiques des autres cités grecques.

Mais ce livre est plus qu’un exposé d’histoire constitutionnelle. Il est d’abord un livre de morale sociale: M. Croiset a trouvé en Grèce ce qu’il appelle un exemple-type de la démocratie, des règles de conduite politique qui peuvent s’appliquer à nos sociétés modernes et, dans sa conclusion, il montre les avantages et les dangers du régime démocratique; mais il faut avouer que les considérations de M. Croiset restent bien vagues; en nous disant que «la démocratie n’a pas d’ennemi plus redoutable que la démagogie», il ne nous donne pas un enseignement bien neuf ni bien pénétrant. Si la démocratie n’a pas de valeur en soi, il n’est pas moins évident que la pratique politique athénienne, conditionnée par la religion, l’esclavage et la petite étendue de la cité, est peu applicable dans les sociétés modernes, si vastes de contenu, égalitaires et irreligieuses et, dès lors, toute une partie de la conclusion de M. Croiset, inutilisable, tombe d’elle-même.

Le livre de M. Croiset est autre chose encore: son introduction renferme une sorte de manifeste de l’historicisme traditionnel hostile à la sociologie. Pour M. Croiset, l’histoire a pour but de saisir la réalité vivante et complexe, le fait particulier et concret. Mais outre qu’il parle de la sociologie comme d’une science définitivement formée, ce qui est inexact, il trouve entre cette science et l’histoire une antinomie qui n’existe pas; si, comme il le reconnaît, l’histoire est avant tout une méthode pour la recherche de la vérité (p. 7-8), on peut admettre qu’elle prépare des éléments qui seront utilisés par la sociologie. Ce n’est pas parce que les lois des phénomènes restent obscures ou inconnues qu’on doit nier ces lois, et l’on ne peut admettre, avec M. Croiset, que «la cause intime de la réaction [d’un peuple à une circonstance] échappe à toute détermination rigoureuse» (p. 6). Le plus curieux est que M. Croiset arrive à se contenter de généralisations d’allure sociologique et qui n’ont rien de scientifique: tout ce qu’il dit de la psychologie des peuples est sujet à caution; il s’étonne des défiances des sociologues à l’égard des vastes généralisations intuitives à la façon de Taine ou de Fouillée, sans s’apercevoir que des sociologues ont su fournir, — tel M. Mauss sur les Eskimos, ou Bouglé sur les castes de l’Inde, — des faits et des lois réellement scientifiques. Son plaidoyer en faveur de l’idée de race reste précaire; il exclut du concept de race les facteurs anthropologiques, comme de la détermination des caractères nationaux les institutions elles-mêmes; et comme Taine avait tenté de décrire, in abstracto, la psychologie du peuple français,

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