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La mi' nora Li Maggni
Questo testo fa parte della raccolta Sonetti romaneschi/Sonetti del 1834

LI BBEATI

     Nun è cche nnun ce siino Bbeati
Deggni e stradeggni de fà un passo avanti:
Er paradiso sbrullica1 de frati
Che mmòreno de vojja d’èsse Santi.

     Nun è cch’er Papa se li sia scordati,
Come se scorda de li nostri pianti:
Ché anzi, doppo avélli2 proscessati,
Vorìa cannonizzalli3 tutti quanti.

     La raggione che ancora li tiè addietro
Ne la grolia sceleste,4 è la gran spesa
De la funzione che cce vò a Ssan Pietro.

     Eccolo er gran motivo, poverini:
La miseria. E li Santi de la Cchiesa
Nun ze pònno creà ssenza quadrini.5

12 giugno 1834

  1. Brulica.
  2. Dopo averli.
  3. Vorrebbe canonizzarli. [Ci annettono l'idea del cannone, che realmente spara da Castel Sant' Angelo, quando il Papa in San Pietro ha pronunziato il decreto di canonizzazione.]
  4. Gloria celeste.
  5. ["Bien qu’il jouisse du paradis, un béat n’occupe qu’un grade subalterne dans la hiérarchie; s’il veut être promu au grade de saint, il faut encore qu’il se soumette à un nouveau procès, où il aura de nouveau pour juges la Congrégation et le Pape. Il appartenait à Rome de donner au monde ce spectacle scandaleux de voir celui qui est reconnu être en paradis, jouissant de la présence de Dieu, traduit à la barre d’un tribunal humain dans le Palais du Vatican! Dans ce cas, on commet un cardinal ponente, spécialement chargé de la marche du procès: celui de la béatification subit d’abord une sorte de révision, puis on passe à l’examen des nouveaux miracles. Les Papes ont voulu que les béats se montrassent reconnaissants de l’honneur qu’on leur avait fait; ils veulent qu’avant d’obtenir de l’avancement, ils prouvent leur habilité dans leurs fonctions et qu’ils fassent de nouveaux miracles. Les miracles pour la sanctification doivent toujours avoir une date certaine et être postérieurs à la béatification. Un béat qui, après sa nomination, reste au paradis sans rien faire, ne peut espérer de Rome aucune nouvelle faveur.- S’il s’agit de béats solennellement déclarés, il suffit de deux miracles; mais s’il s’agit de ces vieux béats par équivalence, c’est-à-dire déclarés béats en chartre privée et sans procès, il en faut quatre. Les nouveaux miracles discutés et approuvés dans les formes que nous avons indiquées pour la béatification, le Pape, dans un consistoire secret, annonce à ses vénérables frères le projet qu’il a de faire un saint; les cardinaux repondent: placet, et le Pape ordonne la réunion du consistoire public dans lequel les avocats du consistoire pérorent sur le nouveau saint. Le Pape écoute tous ces discours et déclare que, quant à lui, il serait content de compter ces messieurs parmi les saints, mais qu’il s’agit de choses graves pour lesquelles il veut conférer avec les évêques et les cardinaux; il ordonne aux fidèles des prières pour obtenir l’assistance de Dieu; on fait des prières publiques dans toutes les églises; beaucoup d’évêques sont appelés à un consistoire semi-public, où on parle de nouveau du béat ou des béats qui veulent obtenir la sanctification. Le Pape se montre toujours bien disposé à leur égard, mais il témoigne cependant quelque hésitation avant de se décider, les consistoires se répètent et on continue de prescrire des prières aux fidèles. Enfin, quand le Pape est ennuyé de cette comédie, il fixe le jour de la cérémonie. Nous disons comédie, car ces consistoires ne sont pas autre chose et la cérémonie en est le dernier acte. Du moment que les miracles ont été reconnus postérieurs à la beatification, il n’y a plus de doute que le béat sera sanctifié: à quoi bon alors et ces prières et ces consistoires, pourquoi ces hésitations? Le résultat n’est certes pas celui qu’en attendent les prêtres; ils veulent surprendre la bonne foi des fidèles, nous croyons au contraire que l’aveu solennel de cette hypocrisie effrontée, démasque toujours mieux le sacerdoce romain. Passons maintenant à la cérémonie. Dès le début de la cérémonie, on fait autour de la sainte Basilique de Saint-Pierre une grande procession, à laquelle prennent part les cardinaux, les évêques, le clergé de Rome, les confréries, les collèges; ils entrent enfin dans l’église magnifiquement parée et vont prendre place; le Pape est sur son trône, l’avocat consistorial s’agenouille sur les degrés en suppliant le Pape instanter, au nom du cardinal procureur, de vouloir bien déclarer saint le béat. Le Pape répond, par l’intermediaire du secrétaire des brefs, qu’il est très désireux de favoriser le postulant, mais que l’affaire est des plus sérieuses et qu’il invite l’assistance à prier pour que Dieu l’illumine. L’avocat et le cardinal procureur, qui s’étaient avancés, se retirent: tout le monde s’agenouille et on rècite les litanies des saints. Quand le Pape remonte à son trône, le cardinal et l’avocat reviennent de nouveau, et ce dernier répète la demande en disant: instanter et instantius. Le Pape refuse encore et ordonne de nouvelles prières, alors il se fait un grand silence, pendant lequel chachun est censé se recueillir et faire nouvellement une prière qu’il croit efficace; ce silence est interrompu par le Pape qui entonne le Veni Creator, et pendant que tous les autres chantent, il revient à son siège. Le cardinal et l’avocat retournent encore le supplier, et cette fois, instanter, instantius, instantissime. Le secrétaire des brefs répond que le Pape, convaincu de faire une œuvre agréable au Très-Haut, s’est résolu à prononcer la sentence. Mais si depuis plusieurs mois déjà il était résolu, et si avant d’entrer à l’église il avait appris par cœur la formule de la sentence, à quoi bon toutes ces jongleries? pourquoi se faire prier, instanter, instantius, instantissime? Il n’a pas la prétention d’en imposer aux hommes: chacun sait que la journée ne se passera pas sans que le béat soit sanctifié; peut-être a-t-il la prétention de se jouer de Dieu? A la voix du secrétaire des brefs, tout le monde se lève et le Pape prononce le décrèt qui, à raison de son impertinence, doit être cité textuellement: Auctoritate nostri domini Iesu Christi, sanctorum apostolorum Petri et Pauli, ac NOSTRA, ad honorem sanctae et individuae Trinitatis.... on comptera parmi les saints de l’Église tels et tels. Ces mots, ac NOSTRA, définissent Rome. L’avocat consistorial demande alors que l’on expédie les lettres apostoliques, c’est-à-dire, le diplôme de sainteté, et le Pape répond: Decernimus. Le cardinal postulant monte à ces mots les degrés du trône, et dans son transport, il baise les mains et les genoux du Pape. L’avocat se tourne vers le protonotaire et le prie de rédiger l’acte, à quoi les autres répondent: Conficiemus; le consistorial, avec assez peu de respect pour leur parole, dit aux camériers secrets: Vobis testibus. On chante alors le Te Deum, les trompettes de la garde noble se font entendre, on tire les mortiers préparés sur la grande place, l’artillerie tonne, les cloches de la ville sonnent pendant une heure; la comédie est jouée, il ne reste plus qu’à payer les acteurs. Dans l’église même, sur son trône, le Pape reçoit les présents, que l’on nomme l’offerte, et qui sont présentés pour chaque saint par trois cardinaux, un évêque, un prêtre et un vicaire accompagné de l’éminentissime procureur. Nous voyons que dans une canonisation, on offrit à Boniface VIII, un pot d’une valeur de cent ducats d’or, un veau, vingt-quatre chapons, vingt-quatre poulets, vingt-quatre pigeons, et deux pièces de vin. A la canonisation de St. Nicolas de Tolentino, on offrit à Eugène IV: deux pièces de vin de Salerne, plusieurs faisans, poulets, poules, oies, tourterelles, des pigeons, et une génisse. Cette coutume d’offrir des volailles au Pape a été vivement discutée par les auteurs ecclésiastiques; ils se sont divisés en deux camps, les défenseurs des oiseaux et ceux qui s’y opposaient. Pour quoi, disaient les derniers, offrir des oiseaux au Pape? en ce qui touche l’or, le vin, les veaux, cela se comprend, mais que signifient les oiseaux? En faisant des recherches, on a vu que l’origine de cet usage remontait à la canonisation de sainte Brigitte; cette circonstance a donné lieu à beaucoup de commentaires. Ces oiseaux avaient été offerts dans des cages dorées, et on soutenait que puisque cela avait été fait dans cette circonstance, on pouvait maintenir l’usage pour les autres saintes, mais qu’il n’y avait pas de raison quand il s’agissait des saints; quelques Papes ont protesté contre cet usage; parmi les plus récents, Benoît XIII, Benoît XIV, Grégoire XVI, n’en ont pas voulu pour les canonisations qu’ils ont faites pendant leur pontificat. Mais si les Papes renoncent aux oiseaux, ils ne renoncent pas aux autres présents, qu’ils reçoivent pour le compte des saints. C’est à coup sûr un grand honneur pour celui qui se trouve en paradis comme simple béat, d’être déclaré saint par le Pape, mais, pour le Pape, c’est une bonne affaire. Pour la canonisation de quatre saints, Clément XII reçut 12,000 écus romains, environ 70,000 francs. On fait pour les canonisations des dépenses d’apparat considérables, car tout doit être neuf, et tandis que les chanoines de Saint-Pierre s’emparent des ornements, des banquettes, etc., le Pape garde, ou vend à son profit, tout ce qui lui a servi pour la cérémonie. Nous trovons dans le Dictionnaire de Moroni une note, rédigée probablement à propos de la sanctification faite par Gregoire XVI, dans laquelle on lit: "Les ornements dignes d’une mention particulière sont: manteau pontifical d’officiant, étole et chape pour l’évêque assistant, manteau, chasuble et étole, manipule, voile et bourse du calice, trois tuniques, une étole et deux manipules et franges d’or pour les diacres latins; deux tuniques pour le diacre et le sous-diacre grecs, deux magnifiques draps d’autel, avec armoiries d’une valeur d’au moins 2,200 écus; calice d’or de 600 écus, mitre précieuse garnie de pierreries, mitre en lames d’or, baptiste, gants, bas, etc., etc."De cette façon, quand le Saint-Père veut renouveler sa garde-robe, il n’a qu’à faire quelque nouveau saint. Pour se faire sanctifier, il en coûte cher, cela ne regarde pas les morts et pour cause, mais ce sont les vivants qui ont cet honneur. On ne fait les saints et les béats, que sur une instance présentée à la Congrégation. Ce sont ceux qui ont requis la canonisation qui payent les frais: qui commande, paye. C’est la famille du saint, ou l’ordre religieux auquel il a appartenu, quelquefois des étrangers saisis par un paroxysme de dévotion pour la mémoire d’un individu qu’ils veulent faire canoniser; les prêtres ne demandent pas mieux. La canonisation de saint François de Sales a coûté 31,900 écus, celle de saint Bonaventure 22,000 ducats d’or, celle de Léopold d’Autriche 25,000; à la canonisation de saint François de Paule, les présents, offerts à Léon X, montèrent à 70,000 écus; Alexandre VII décida, qu’aux dépenses en usage, on devait à l’avenir ajouter 6,000 écus pour la Basilique du Vatican. En adoptant comme règle que l’on ne pouvait sanctifier que ceux qui avaient été préalablement béatisés, Rome a trouvé moyen de doubler le prix de l’introït. En effet, une grande partie des dépenses doit aussi être répétée deux fois. Soit tiédeur religieuse, soit manque d’argent, les demandes de sanctification deviennent chaque jour plus rares, de telle sorte que, pour faciliter la chose, il a fallu, comme pour toute marchandise, l’offrir à meilleur prix. Le Pape Lambertins conseilla aux fidèles de se réunir à plusieurs, et de former une sorte de commandite pour faire proclamer plusieurs individus en même tems; il permit alors, qu’au lieu de faire des dépenses spéciales pour chaque saint, on les fît en commun pour tous à la fois. Ce Pape fait judicieusement observer que, par ce moyen, on peut obtenir des saints pour 11,000 écus en moyenne, et l’un dans l’autre, à peu près 75,000 francs; c’est le dernier mot; le Vatican ne peut pas fournir à moins: very cheap, dirait un anglais. Le même Pape publia le tarif spécial de la béatification et de la sanctification, les taxes pour les avocats, notaires, procureurs, chanceliers, etc. C’est là un document curieux à consulter. Pour un avocat romain, c’est une bonne fortune d’être choisi pour défendre un saint; peu d’affaires rapportent autant, le travail n’est pas grand, et on n’a pas la crainte de ruiner le client, sans compter l’avantage d’avoir en paradis quelqu’un qui vous a des obligations. On lit dans ce tarif: faisons savoir que dans la secrétairerie de la sacrée Congrégation, tout s’expédie gratis; avertissement utile pour l’édification des fidèles, qui cependant sont tenus de payer pour n’importe quel acte, production, enregistrement, copies, restitutions. Mais on ne paye pas à la secrétairerie, ce sont les employés qu’on paye: à Rome, tout doit être mensonge. - Beaucoup de remises furent diminuées, et 6,000 écus, attribués à la Congrégation de la Propagande, furent rèduits à 3,000. On attribua en plus à la sacristie de Saint-Pierre, 1,650 écus; à titre de dépenses d’habillements, et présents à ceux qui prennent part à la cérémonie, on paye encore 5,000 écus, et cela non compris tout ce qu’il y a à payer au Pape personnellement, et dont nous avons parlé. Dans les cas de commandite, les économies portent sur les ornements de l’église, le luminaire et autres choses semblables; les tableaux sont toujours à la charge de chaque saint. Nous avons déjà dit que, sur la grande porte de la Basilique du Vatican, on plaçait des tableaux, représentant les miracles; nous nous rappelons en avoir remarqué un; il représentait un saint, alors frère, qui entrait dans la cuisine du couvent: on voyait une longue file de poulets embrochés et en train de rôtir. Ce saint les bénissait, et aussitôt ils quittaient la broche, reprenaient leurs plumes éparses sur le sol, et se mettaient à courir, à voler et à chanter. Miracle majeur, comme on voit, et qui n’a pas dû réjouir les autres frères qui, au réfectoire, attendaient le rôti. Un tableau, représentant la stupéfaction des moines à l’annonce du prodige, eut été plus intéressant. La quantité d’images sur papier, sur toile et sur soie, de tableaux à l’huile, payés à bon marché à quelque mauvais peintre, et auxquels ont droit certains fonctionnaires, cette quantité est telle qu’elle constitue déjà une grosse dépense. Pour l’introduction de la cause, ont droit à un tableau: le cardinal ponente, son auditeur, le secrétaire de la Congrégation, le substitut, le promoteur de la foi, le souspromoteur, l’avocat, le procureur du postulant. Pour la béatification, en sus de ceux que nous venons d’indiquer: le Pape, le cardinal-préfet de la Congrégation des rites. Pour la sanctification: le Pape, tous les cardinaux de la Congrégation, le majordôme, le maître di camera, les maîtres des cérémonies, l’avocat consistorial, l’auditeur du cardinal ponente, le substitut de la secrétairerie, l’avocat et le procureur de la cause, le sous-promoteur de la foi, le notaire du Saint-Siège. Et pas d’autres, ajoute Benoît XIV. Il semble que c’est bien assez: il y aurait de quoi faire une galerie. Il ajoute aussi: les tableaux ne doivent pas tous être du même prix, ni de la même grandeur, ils seront proportionnés à la qualité de ceux qui les reçoivent. On comprendra comment, malgré toutes les économies, béatification et sanctification coûtent toujours assez cher. Heureusement, le nombre des saints est déjà assez grand, grâce à tous ceux qui ont autrefois obtenu cet hon. neur sans frais; mais les saints et béats, à titre onéreux, sont peu nombreux, et je crois que, de nos jours, nous ne les verrons pas beaucoup augmenter. Les riches prèfèrent, pour eux et leurs descendants, les actions du chemin de fer aux brevets de sainteté pour leurs aïeux. Aveuglement des tems, dit Rome! Les agens de la cour papale ont bien soin de faire remarquer ec beaucoup d’habileté que ceux qui ont des saints dans leurs familles, ne peuvent manquer d’en retirer des avantages matériels, car Sa Sainteté doit avoir des égardes particuliers pour les parents des saints; mais l’arithmétique, cette grande conseillère des tems modernes, répond qu’elle n’y trouve pas son compte; les héritiers se contentent que leurs auteurs soient en paradis, sans titre, et avec l’argent de la succession, ils jouent à la bourse. Je connais des familles auxquelles on a fait des propositions de ce genre, qu’elles n’ont pas voulu comprendre. Les courtiers de saints sont obligés de s’adresser aux ordres religieux, qui ne peuvent se dispenser d’obéir: quoique riches, ils tâchent de réunir les fonds par subscription, et ce sont alors les imbéciles qui payent. Le Pape, jaloux de faire un saint, et ne voulant pas rester en arrière de ses prédécesseurs, concourt lui-même à la dépense, ou pour mieux dire, y fait contribuer l’état: ce sont alors les peuples qui payent, ce qui fait que ces hypothétiques protecteurs sont, en attendant, une véritable calamité." Pianciani, Op. cit., vol. I, pag. 461-70.]

Note

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